Le site du Racou se situe sur la commune d’Argelès-sur-mer. Le mot « racou » (en catalan El Racó), du latin cuneus (coin), signifie le recoin. Et cette appellation lui correspond, car Le Racou se situe juste à la charnière de la plage de sable et de la côte rocheuse, sur la partie la plus septentrionale d’Argelès. Il est donc particulièrement représentatif de la topographie singulière des Pyrénées-Orientales.
Coincé entre mer et montagne, Le Racou est un site naturel du Conservatoire du littoral et des rivages lacustres : 7 km de plage de sable (et la faune et flore maritimes qui vont avec), la présence d’espèces botaniques protégées (passerine hérissée, armérie), un sentier littoral fait de falaises et de petites plages de galets (et qui vaut bien un post à part, tant la faune et la flore sont splendides !), une étendue boisée (le bois de Valmarie) et des hauteurs couvertes de maquis…
Mais Le Racou, c’est aussi une population dotée d’une forte identité micro-locale, un art de vivre et une façon de penser, une revendication.
Petite histoire du lieu
Le Racou d’avant-guerre
Le Racou était à l’époque un véritable coin tranquille et isolé. Le lieu était accessible par un chemin carrossable longeant le ruisseau du Vall Maria et jouxtant le bois, actuel Bois de Valmarie, appartenant à l’époque au Général de Balanda. Le chemin débouchait alors derrière la colline, coincé entre vignes et littoral, sur un recoin parsemé de rares maisons. Quelques cabines de bois ou de roseau, construites dans les années 1920, peu solides mais déjà conviviales, faisaient alors face à la mer.
Le Racou pendant la guerre de 39-45
La 1ère ligne de maisons de mer est rasée pendant l’occupation allemande. Les cabanes en bois sont démantelées et converties en bois de chauffe. La plage devient lieu de défense et des pyramides en béton anti-débarquement sont érigées. Les Perpignanais, qui avaient élu le lieu comme villégiature estivale et dominicale depuis la fin des années 1930 doivent déserter l’endroit, laissant derrière eux leur petit coin tranquille. Il faudra attendre un peu après la fin de la guerre, vers 1946, pour que les locaux reprennent possession du « hameau ». Quant aux maisons et casots sur les hauteurs, ils sortent indemnes de la campagne de rasage, car ils ne constituent pas une gêne à la défense. Mais les Allemands dynamitent la Torre d’en Sorra, ancien moulin à farine devenu tour, le jour du Débarquement allié en Normandie.
Le Racou d’après-guerre : le renouveau
Les 1ères constructions en dur apparaissent alors, surtout à partir de 1947-48. L’ensemble reste rudimentaire, car les maisons ne sont alimentées ni en eau (1957), ni en électricité (1956), ni en tout-à-l’égout (1958). La population du Racou vit pourtant à sa manière et développe des systèmes et installations pour améliorer son confort : lampes à pétrole ou à « accus », cuisson aux sarments de la pêche journalière à même la rue recouverte de sable, fontaine au fond du hameau (et corvée d’eau qui allait avec), forage de puits personnels, réutilisation des eaux usées pour l’arrosage des potagers et fleurs…
Au chemin central se substitue alors une route asphaltée (l’actuelle et seule route qui traverse Le Racou) à la fin des années 40. La gare permet également l’accès au lieu, la voie ferrée le surplombant. L’accès à la gare se faisait par un sentier longeant le ruisseau ou par la crique de Portells, par un petit escalier improvisé.
La fin des années 50 marque un tournant pour la modernisation du lieu. Elle marque le début d’activités commerciales, avec la création de quelques magasins, l’ouverture d’un café, l’apparition du cinéma de plein air et l’organisation de bals sur une place cimentée à cet effet par des bénévoles.
Dans les années 1950-60, les familles commencent à jouir des congés payés et en profitent pour venir camper au Racou. L’activité de camping est alors non réglementée : les campeurs s’installent au bord du Grau, dans les vignes non bâties, dans les criques ou dans le bois du Général de Balanda qui, malgré son âge avancé, vient surveiller régulièrement ses terres.
Peu d’Argelésiens d’origine prennent possession du recoin. Les Roussillonnais et des familles toulousaines s’installent peu à peu au Racou. Les touristes choisissant le Racou pour villégiature d’été sont des « fidèles » et ne dérogent jamais à leurs habitudes ; ils sont peu à peu « adoptés » par la population locale.
L’identité racounienne
L’identité et l’ambiance qui règnent au Racou se sont construites sur l’histoire du lieu et sur le mode de vie qui s’y est développé, et on en ressent encore aujourd’hui les effets, malgré un tourisme dense.
Le système de partage et d’entraide (corvée d’eau, partage des repas et des fruits de la pêche aux lamparos, entraide lors des corvées, prêts d’outils), les fêtes (concours de plage, activités sportives, bals), le choix même de vivre dans un coin isolé forgent l’identité du hameau.
La pétanque contribue également à l’art de vivre du Racou. Deux lieux célébraient le jeu : la piste terrasse du café Soler et un terrain de rencontre plus spacieux devant l’Oasis, aujourd’hui parking du Racou. Les parties de pétanque regroupaient locaux et touristes fidèles, surnommés « les parisiens », même s’ils ne l’étaient pas. Le jeu permettait les rencontres et les liens d’amitiés, les railleries « bon enfant » et surtout la bonne humeur.
Enfin, Le Racou ne serait ce qu’il est sans les revendications d’un homme, Monsieur Astruc, chemisier à Perpignan, qui possédait une villa sur le site. Cet homme alla trouver les élus d’Argelès et particulièrement Gaston Pams, pour nommer les rues en catalan roussillonnais et revendiquer la liberté du Racou. En 1957, il devint le maire officieux du Racou, Argelès refusant de se séparer du recoin mais acceptant une simili-indépendance. La mentalité libertaire racounienne ne disparut jamais vraiment : les rues ont ainsi gardé leurs noms catalans (Passatge del Septimig, Avinguda de la torre d’en Sorra, Passeig del Aparcament, Passeig dels Franquets, Carrer lo Pardal, Pas de la Patacade, Carrer d’en Joan del Riu, Carrer de la Cargolade, Trabessa de les Engarotes, Carrer de les Guiules, Plaça de les Granotes, Corn al Raparou) et Le Racou son caractère familial, presque clanique.
Le Racou de nos jours
Aujourd’hui, il règne au Racou une ambiance particulière. Les propriétaires des maisonnettes et des villas continuent de défendre bec et ongle la protection de leur littoral via l'Association pour la sauvegarde du Racou (la même qui a obtenu l’édification hivernale du bourrelet sablonneux censé protéger les maisons de plage des affronts du vent et de la mer).
Ce sont toujours les mêmes habitués qui arpentent la plage ou la rue principale, été comme hiver. Les rencontres autour de grillades dominicales sont toujours d’actualité. Et les touristes qui tombent amoureux de la poésie des lieux y reviennent inlassablement chaque année.
Il règne dans l’air du Racou une ambiance détendue, presque débonnaire. On est très loin des grandes résidences de vacances de la Côte Radieuse : point de lotissements sauvages ou de grands édifices, puisque le lieu est protégé par la loi littorale. Et peut-être aussi parce que ce type de construction ne correspond pas à l’essence-même du lieu, qui se veut paisible, authentique, fidèle à un certain idéal de vie : libre, simple, sain…lointain.
Le Racou se vit plus qu’il ne s’écrit. Difficile pour moi, au-delà de son histoire, de vous le conter. Il s’agit d’en faire l’expérience, de « sentir » le lieu pour le comprendre et pour voir s’il vous correspond (ou pas !).
Pour finir, je remercie l’excellent article de massana-albera-glogspot.fr qui m’a permis de rédiger ce billet…
Le Racou
Re: Le Racou
En exclusivité, photos d'un parapentiste qui s'est offert le luxe d'atterrir sur la plage du Racou en août dernier...
J'ai bien crû qu'il se poserait sur ma serviette
. Mais le bougre a bien géré son atterissage et s'est posé à l'extrémité nord de la plage, en douceur...
J'ai bien crû qu'il se poserait sur ma serviette


Re: Le Racou
Coucou !
Effectivement, la plage est belle et spacieuse. J’aimerais bien y aller un jour. Peut-être l’année prochaine. Je trouve les petites maisons en bord de mer charmantes. Cela me donne envie de repartir en vacances, faire des parties de tennis de plage, bronzer sur le sable chaud et plonger dans la mer
. Dommage !
Effectivement, la plage est belle et spacieuse. J’aimerais bien y aller un jour. Peut-être l’année prochaine. Je trouve les petites maisons en bord de mer charmantes. Cela me donne envie de repartir en vacances, faire des parties de tennis de plage, bronzer sur le sable chaud et plonger dans la mer

Re: Le Racou
Ce n'est que partie remise! On a pu y aller un peu tard dans la saison cette année...le week-end dernier j'ai vu des gens dans l'eau 

Retourner vers « Argelès-sur-Mer »
Qui est en ligne
Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 1 invité